Élection-RDC: Pour Jean-Jacques Lumumba, »Kabila sera le gagnant du désordre »
Écrit par FiziMedia sur janvier 17, 2019
En ce 17 janvier, jour du 58e anniversaire de l’assassinat du Premier ministre congolais, Patrice Lumumba, première partie d’un entretien avec Jean-Jacques Lumumba, son petit-neveu, lanceur d’alerte, opposant au régime de Joseph Kabila et défenseur de la cause du peuple congolais.
Le 17 janvier est une date particulière en RDC et encore plus particulièrement pour vous. C’est la date de l’assassinat de votre grand-oncle Patrice Lumumba (17 janvier 1961). La RDC traverse des jours particulièrement sensibles en ce début d’année post-électorale, quel serait le votre message aux candidats qui se disputent aujourd’hui la présidence du pays ?
Je vais commencer par rendre un vibrant hommage à tous ceux qui depuis les indépendances sont tombés au nom de la vérité, de l’indépendance et de la liberté avec une pensée très particulière à Mpolo et Okito assassinés dans les mêmes conditions que Patrice. A tous ceux qui au nom de la liberté et de la démocratie sont morts afin que cette lutte pour une vraie démocratie se poursuive et aboutisse un jour.
En ce jour spécial, je vais féliciter le peuple congolais qui, au prix des sacrifices, du sang et de la patience, a exprimé son souhait de voir disparaître ce régime qui s’inscrit dans la même lignée de ce que Lumumba dénonçait en 1960 (en parlant des ennemis internes). Malheureusement, l’organe qui est censé garantir la neutralité et la fiabilité des résultats s’inscrit dans un flou artistiquement entretenu.
J’en appelle à la vérité et à la clarté du processus électoral en cours sans lesquelles aucune réconciliation entre les Congolais ne sera possible.
Aux candidats présidents, j’en appelle à un sursaut patriotique en travaillant dans le sens de la vérité et de la transparence du processus électoral afin de mettre fin à 22 ans de prédation, de corruption, d’assassinats, d’arrestations arbitraires, d’exils forcés et de misère. Il ne faut pas oublier que le combat contre la mauvaise gouvernance continue car Kabila n’est pas encore mis hors d’état de nuire.
Si vous, les opposants, vous vous battez réellement pour le peuple, qui a massivement rejeté le camp de la prédation et de la corruption, battez-vous pour la transparence.
La recherche de la vérité et le respect du choix du peuple sont des valeurs cardinales pour lesquelles nous nous battons et que nous devons tous protéger.
Vous insistez particulièrement sur le fait que ce n’est pas un individu ou un parti qui compte à vos yeux, mais bien l’avenir du pays ?
Pour ma part, je ne cesserai de le dire, il n’y aura pas d’homme providentiel pour sauver le Congo. Le combat pour les valeurs et le bien-être du peuple n’a pas de couleur politique sinon j’aurais déjà pris position pour un camp politique car je ne cache pas ma désapprobation de la gouvernance Kabila et ses pratiques de corruption endémique contre lesquelles je ne cesserai de mener une lutte acharnée sur tous les fronts.
Tant que l’avenir du Congo sera embrigadé par le clan de la prédation et contre les intérêts de mon peuple, je continuerai le combat. Seul le bonheur du Congo prime.
Le processus électoral et les doutes qu’il a fait naître attisent toutes les tensions. Comment pensez-vous qu’il soit possible de sortir de cette crise sans trop de casse ?
Le pire est à craindre et c’est ce que nous ne souhaitons pas car ce sera un bond en arrière et une plongée dans un avenir incertain. J’en appelle à la retenue, à l’unité nationale et à la non tribalisation des considérations politiques. Le gagnant du désordre sera Kabila et son clan mais cela n’est pas en contradiction avec le respect de la volonté populaire, la vérité des urnes. Sans cela, la lutte est très loin d’être finie. Les congolais veulent réellement voir le changement de gouvernance être une réalité.
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source:LA